Nouveautés · 4 min
Comment le numérique peut être durable ?
Publié le 9 décembre 2024
Le secteur numérique est souvent perçu comme étant à l’origine d’une consommation énergétique massive et d’une augmentation des émissions de CO2. Toutefois, le numérique a également un énorme potentiel pour contribuer à la transition énergétique et à un avenir plus durable.
La consommation énergétique du secteur numérique : un défi pour la durabilité
Le numérique est désormais omniprésent dans notre quotidien, mais il a un coût en termes de consommation d'énergie et d'empreinte carbone. Selon une étude de l'Agence Internationale de l’Énergie (AIE), l'industrie numérique représente environ 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, un chiffre comparable à celui de l'industrie aéronautique. Cela inclut la fabrication de dispositifs numériques, le stockage des données dans des centres de données (data centers), et la consommation d'énergie des réseaux de télécommunications.
La fabrication des appareils électroniques : une empreinte carbone importante
La production des appareils électroniques, des smartphones aux ordinateurs en passant par les serveurs, génère une empreinte carbone significative. En effet, la fabrication d'un téléphone mobile émet environ 55 kg de CO2, selon un rapport de l’ONG GreenPeace. Le défi réside dans le fait que cette empreinte carbone est en grande partie liée à la production des composants électroniques, notamment les semi-conducteurs et les batteries. Par exemple, la production d'un seul gramme de silicium, un matériau clé pour la fabrication des puces électroniques, génère environ 6 kg de CO2.
Les centres de données : des "bureaux de l'énergie"
Les centres de données, qui hébergent les serveurs permettant de stocker et de traiter nos données, représentent une grande part de la consommation d’énergie liée au numérique. Selon un rapport de l'International Data Corporation (IDC), en 2022, les data centers consommaient environ 1% de l’énergie mondiale, un chiffre qui devrait augmenter avec la croissance des données et des services cloud.
Cependant, une bonne nouvelle émerge dans ce secteur : les entreprises de cloud computing (comme Google, Amazon Web Services et Microsoft) ont pris des mesures pour rendre leurs centres de données plus efficaces énergétiquement. Par exemple, Google affirme que ses centres de données utilisent 50% moins d'énergie que la moyenne de l'industrie, grâce à des technologies de refroidissement avancées et à l'utilisation d'énergies renouvelables.
Réduire la consommation énergétique : l’enjeu majeur
Les entreprises numériques sont confrontées à un double défi : d'une part, réduire la consommation énergétique des infrastructures existantes et, d'autre part, compenser l'augmentation de la consommation due à la croissance rapide du secteur. Les progrès en matière d'efficacité énergétique et de virtualisation des serveurs permettent de limiter cet impact.
Optimisation énergétique et infrastructures plus vertes
Pour améliorer la durabilité, de nombreuses entreprises ont recours à des stratégies comme l’optimisation de la consommation d’énergie dans leurs data centers, et plus largement, l’utilisation d’énergies renouvelables. Microsoft, par exemple, s'est engagé à être neutre en carbone d’ici 2030. Cela inclut non seulement l’optimisation énergétique de ses centres de données, mais aussi le recours à des énergies renouvelables pour alimenter ses serveurs. De plus, des technologies comme la virtualisation des serveurs permettent de réduire la consommation en consolidant plusieurs serveurs physiques sur des machines virtuelles, ce qui permet une meilleure gestion des ressources.
Les innovations numériques pour la transition énergétique
Bien que la consommation énergétique soit un défi, le secteur numérique offre également des solutions pour favoriser la transition énergétique et soutenir des initiatives durables.
L'Internet des objets (IoT) : optimiser les ressources
L'Internet des objets (IoT) permet une gestion plus efficace des ressources et un suivi précis de la consommation énergétique. En intégrant des capteurs dans les bâtiments, les usines ou même les véhicules, l'IoT peut aider à optimiser l'utilisation de l'énergie, réduire les gaspillages et améliorer l'efficacité énergétique.
Par exemple, une entreprise comme Schneider Electric propose des solutions IoT pour la gestion de l'énergie dans les bâtiments. Ces technologies permettent de suivre en temps réel la consommation d'énergie des différents appareils et d'ajuster automatiquement leur fonctionnement pour réduire l'empreinte carbone. Une étude menée par l'entreprise montre que ses solutions IoT ont permis à certains bâtiments de réduire leur consommation d’énergie de 30%.
Blockchain : une gestion plus transparente et durable
La blockchain est une technologie qui peut aider à garantir la traçabilité des ressources, comme l’énergie. En assurant une transparence totale sur la provenance de l’énergie, la blockchain permet de suivre l’origine des énergies renouvelables utilisées par les entreprises, par exemple. Des entreprises comme Power Ledger exploitent la blockchain pour créer des marchés d’énergie décentralisés où les utilisateurs peuvent acheter et vendre de l’énergie renouvelable.
Adopter des pratiques numériques responsables : de la conception à l'utilisation
Pour que le numérique soit véritablement durable, il est essentiel de changer nos habitudes de consommation et de production numériques. Les entreprises, les gouvernements et les particuliers doivent adopter des pratiques responsables tout au long du cycle de vie des technologies.
Concevoir des produits numériques durables
L'éco-conception des produits numériques est une approche qui consiste à concevoir des appareils et des services numériques en prenant en compte leur impact environnemental tout au long de leur cycle de vie, de la fabrication à la fin de vie. Cela inclut la sélection de matériaux durables, la minimisation de la consommation d'énergie pendant l'utilisation, et la possibilité de recycler les composants en fin de vie.
Réduire la consommation numérique : un geste à la fois
Les particuliers peuvent également jouer un rôle important en adoptant des pratiques plus responsables. Par exemple, la gestion des emails et des fichiers numériques peut avoir un impact considérable sur l’environnement. Une étude de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) révèle qu’un email génère en moyenne 19 g de CO2, soit l’équivalent de la consommation d’une ampoule de 10 watts pendant 1 heure. Réduire le nombre d’emails inutiles, nettoyer régulièrement sa boîte de réception et limiter l’envoi de pièces jointes lourdes sont des gestes simples qui contribuent à la réduction de l’empreinte numérique.
Le recyclage des équipements électroniques
Le recyclage des équipements électroniques, souvent ignoré, est crucial pour réduire les déchets électroniques et les impacts environnementaux liés à leur élimination. Chaque année, le monde génère environ 50 millions de tonnes de déchets électroniques, dont une grande partie n'est pas recyclée correctement, ce qui engendre une pollution importante.
En France, la Loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), entrée en vigueur en 2021, oblige les entreprises à mettre en place des solutions de recyclage des appareils électroniques. Des initiatives telles que le recyclage des téléphones portables ou l’extension de la durée de vie des équipements numériques permettent de réduire la demande en matières premières et de limiter la production de déchets.
Le secteur numérique, bien que source de consommation énergétique et d’émissions de gaz à effet de serre, offre également une multitude de solutions pour favoriser la transition énergétique et rendre les technologies plus durables. Que ce soit par des innovations comme l'IoT, la blockchain ou par des pratiques responsables comme l'éco-conception et le recyclage, le numérique peut et doit être une force de transformation pour un avenir plus durable. Cependant, pour que cette transition soit effective, une prise de conscience collective est nécessaire, tant de la part des entreprises que des utilisateurs. La clé réside dans un équilibre entre l'innovation technologique et l'adoption de comportements responsables, afin que le numérique devienne un pilier essentiel de la durabilité.