Zoom sur la formation entreprise et sur le micro-learning

Former et sensibiliser les collaborateurs est devenu un enjeu majeur pour les entreprises. Sécurité au travail, inclusion, diversité, transition écologique, respect des règles éthiques ou encore cybersécurité : tous ces thèmes nécessitent aujourd’hui des dispositifs pédagogiques capables de capter l’attention, de s’adapter aux contraintes des salariés et de générer un véritable changement de comportements. Or, les formats traditionnels de formation, souvent longs et descendants, montrent leurs limites face à des équipes de plus en plus dispersées, pressées par le temps et sollicitées en permanence. Dans ce contexte, les organisations diversifient leurs méthodes et misent sur des dispositifs innovants, parmi lesquels le micro-learning se démarque comme une solution particulièrement adaptée.

Les grands types de formation à la sensibilisation en entreprise

Pendant longtemps, la formation en présentiel a dominé les dispositifs pédagogiques. Elle reste aujourd’hui très utilisée, notamment pour les thématiques qui nécessitent de l’interaction directe, des mises en situation collectives ou un fort engagement émotionnel. Pourtant, l’essor du numérique a bouleversé ce paysage. En 2023, près de 95 % des entreprises déclaraient avoir intégré des formats digitaux dans leur stratégie de formation, selon LearnThings, et 63 % affirmaient y recourir principalement pour réduire les coûts logistiques liés aux déplacements et à la mobilisation des formateurs.

Le blended learning, qui combine présentiel et modules digitaux, s’est imposé comme un modèle hybride efficace : 69 % des organisations y avaient recours en 2023. Cette tendance traduit une recherche d’équilibre entre la souplesse du numérique et la richesse des échanges humains. Les formations en ligne scénarisées constituent également une pratique massive : elles étaient utilisées par 76 % des entreprises interrogées. Généralement découpées en modules de vingt à trente minutes, elles permettent une acquisition structurée des connaissances, même si elles souffrent encore parfois d’un manque d’interactivité.

D’autres formats numériques connaissent un succès croissant. Les classes virtuelles concernaient déjà 78 % des entreprises en 2023, tandis que le vidéo-learning séduisait 71 % d’entre elles. Ces approches favorisent la flexibilité et la répétition, particulièrement utile pour les thèmes de sensibilisation qui nécessitent une révision régulière. Le serious game, c’est-à-dire l’usage du jeu vidéo à des fins pédagogiques, progressait rapidement : 39 % des organisations l’avaient adopté en 2023, soit une hausse de 11 points en un an. Quant au social learning, qui mise sur l’échange entre pairs et le partage d’expériences, il restait encore minoritaire avec 28 % d’adoption, mais ses perspectives demeurent prometteuses, notamment dans des environnements de travail collaboratifs.

Le micro-learning, une révolution adaptée aux contraintes actuelles

Parmi ces formats, le micro-learning s’impose comme une véritable révolution. Utilisé par 53 % des entreprises en 2023, il consiste à proposer des modules très courts, allant de trente secondes à dix minutes, centrés sur une notion précise. Cette approche repose sur un constat bien connu des neurosciences : la capacité d’attention humaine est limitée et l’oubli est rapide. La fameuse “courbe de l’oubli” établie par Ebbinghaus au XIXe siècle démontre que 70 % de l’information est perdue dans la semaine qui suit une formation, si elle n’est pas renforcée. Or, en multipliant les rappels brefs et ciblés, le micro-learning permet de contrer ce phénomène et d’améliorer considérablement la rétention.

Les chiffres confirment cette efficacité. L’entreprise Cogedir a observé une hausse de 58 % de l’engagement et de 17 % de la rétention des connaissances lorsqu’elle a remplacé une partie de ses parcours traditionnels par des formats courts. De plus, ce dispositif s’intègre parfaitement aux rythmes de travail : un salarié français passe en moyenne huit heures par semaine dans les transports, un temps qui peut être mis à profit pour suivre ces mini-modules sur smartphone. La flexibilité devient alors un atout décisif.

Les bénéfices et les limites du micro-learning

L’avantage majeur du micro-learning réside dans sa capacité à insérer la formation dans le quotidien. Plutôt que de mobiliser une journée entière pour un séminaire, l’apprenant consacre quelques minutes régulières à sa montée en compétences. Le format est varié : vidéos d’une minute trente, infographies interactives, quiz, scénarios à choix multiples ou encore podcasts courts. Cette diversité stimule l’attention et s’adapte à tous les styles d’apprentissage.

Sur le plan du retour sur investissement, les bénéfices sont clairs. Selon Skills HR, 94 % des professionnels de la formation considèrent le micro-learning comme l’approche la plus pertinente pour développer les compétences. Les entreprises qui l’ont adopté observent une amélioration de la productivité et un coût de formation réduit, car le temps passé par les collaborateurs est optimisé.

Cependant, ce format n’est pas une solution universelle. Les savoirs complexes ou les thématiques qui nécessitent une vision globale peuvent difficilement se réduire à des capsules de quelques minutes. Certains utilisateurs expriment aussi une frustration face à la fragmentation des contenus, qui peut donner une impression de superficialité si elle n’est pas bien orchestrée. C’est pourquoi les experts recommandent de ne pas isoler le micro-learning, mais de l’intégrer dans une stratégie plus large, souvent combinée avec des formations plus longues ou du tutorat.

Les perspectives du marché et les enjeux pour les entreprises

La montée en puissance du micro-learning s’inscrit dans un mouvement global d’essor du digital learning. Le marché mondial de la formation en ligne représentait déjà près de 400 milliards de dollars en 2022 et devrait croître de plus de 14 % par an jusqu’en 2032. Le mobile learning, dont le micro-learning est l’un des principaux leviers, pourrait quant à lui atteindre 80 milliards de dollars dès 2027, soit quatre fois plus qu’en 2020. En France, plus de 64 % des entreprises privilégient désormais la formation à distance, et 87 % affirment vouloir renforcer encore la part de l’e-learning dans leurs dispositifs.

Ces chiffres montrent que la formation est en train de se transformer en profondeur. Les collaborateurs eux-mêmes plébiscitent cette évolution : 84 % des salariés français déclarent qu’ils se formeraient davantage si des contenus digitaux courts et accessibles leur étaient proposés. Pour les entreprises, l’enjeu n’est donc plus de savoir si elles doivent adopter le micro-learning, mais plutôt comment l’intégrer intelligemment à leur stratégie pour qu’il réponde à leurs objectifs de sensibilisation.

**La formation à la sensibilisation en entreprise vit une véritable mutation. Alors que le présentiel et l’e-learning scénarisé restent des piliers, les formats plus flexibles et interactifs gagnent du terrain. Dans ce paysage en mouvement, le micro-learning apparaît comme un outil puissant pour ancrer durablement des messages essentiels : sécurité, inclusion, environnement ou encore cybersécurité. Grâce à des capsules brèves, accessibles partout et à tout moment, il s’adapte parfaitement aux contraintes modernes et s’appuie sur les sciences cognitives pour améliorer la mémorisation.

Toutefois, son efficacité repose sur une condition clé : il ne doit pas être isolé, mais intégré dans une stratégie globale, combinant différents formats pour répondre à la complexité des enjeux. Si les entreprises parviennent à relever ce défi, elles disposeront d’un levier puissant pour transformer la sensibilisation en véritable culture d’entreprise.**

Et si on en discutait ?

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