Santé environnementale : comprendre l’impact de notre environnement sur notre bien-être

Nous passons plus de 90 % de notre temps dans des environnements construits, à la maison, au travail, dans les transports. Et pourtant, nous prêtons encore trop peu d’attention à l’impact que ces milieux ont sur notre santé. Pollution de l’air, perturbateurs endocriniens, bruit, stress thermique ou exposition à la lumière artificielle : l’environnement dans lequel nous évoluons au quotidien peut être un allié de notre bien-être… ou au contraire, un facteur silencieux de maladie. La santé environnementale ne se limite pas à la protection de la planète. Elle est une clé de compréhension des maladies modernes mais aussi une formidable opportunité pour construire des sociétés plus saines, durables et équitables.

La santé environnementale : une approche globale de notre bien-être

La santé environnementale est une discipline en pleine expansion, à la croisée de la médecine, de l’écologie, de la chimie, et des sciences sociales. Elle étudie les effets de l’environnement sur la santé humaine — au sens large du terme. On y inclut bien sûr l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons, ou la qualité de nos sols. Mais cela va bien au-delà. C’est aussi la lumière artificielle, le bruit, les champs électromagnétiques, les polluants invisibles, les conditions de travail ou de logement, ou encore les changements climatiques. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), environ 1 décès sur 4 dans le monde est lié à des causes environnementales évitables.

En France, plusieurs études ont démontré que la pollution de l’air est responsable chaque année de 48 000 décès prématurés. Le lien entre particules fines (PM2.5) et maladies cardiovasculaires, respiratoires ou neurodégénératives est désormais bien établi. Mais les risques ne s’arrêtent pas là. Les perturbateurs endocriniens, présents dans de nombreux produits de consommation courante (cosmétiques, plastiques, pesticides), sont suspectés d’affecter la fertilité, le développement des enfants et même de favoriser certaines maladies chroniques comme l’obésité ou le diabète. À cela s’ajoutent les nuisances sonores, omniprésentes en milieu urbain, qui augmentent le stress, la tension artérielle et altèrent la qualité du sommeil.

La santé environnementale repose donc sur une compréhension systémique des interactions entre l’humain et son milieu. L’objectif n’est plus simplement de soigner, mais de prévenir en agissant sur les déterminants de l’environnement. Cela suppose de considérer la santé humaine comme le reflet de la santé des écosystèmes. Cette vision, appelée « One Health », fait le lien entre santé humaine, animale et environnementale. Un changement de paradigme fondamental dans un contexte de crise climatique et de perte de biodiversité.

Des environnements pollués qui dégradent notre qualité de vie

Si l’environnement est malade, la santé humaine ne peut pas prospérer. Cela semble logique, et pourtant, nous avons longtemps sous-estimé les conséquences du dérèglement écologique sur nos corps. En premier lieu, la pollution de l’air — qui concerne particulièrement les zones urbaines — agit comme un tueur silencieux. Les particules fines (issues du trafic, du chauffage au bois, des activités industrielles) s’infiltrent profondément dans les poumons, mais aussi dans le sang, affectant le cœur, le cerveau, et même la peau. Des études de l’Inserm et de Santé Publique France relient cette pollution à une augmentation du risque d’AVC, de cancers du poumon, et de troubles cognitifs chez l’enfant.

Un autre facteur préoccupant est la contamination chimique : pesticides dans les aliments, métaux lourds dans les sols, composés organiques volatils dans les peintures, formaldéhyde dans les meubles... L’exposition chronique, même à faible dose, perturbe le système hormonal, fragilise le système immunitaire et augmente la susceptibilité aux maladies chroniques. L’enjeu devient encore plus complexe lorsqu’on considère l’effet cocktail, c’est-à-dire la combinaison de plusieurs substances qui peuvent interagir de manière synergique ou cumulative. Malheureusement, la réglementation tarde souvent à suivre l’évolution rapide des innovations industrielles.

Par ailleurs, l’urbanisation déconnecte progressivement les individus de la nature. L’accès à des espaces verts, à la lumière naturelle ou à un environnement sonore apaisant est un déterminant fondamental de la santé mentale. À l’inverse, le béton, le bruit, la surpopulation, les îlots de chaleur urbains... tout cela contribue à une augmentation de l’anxiété, du burn-out et de la dépression. C’est pourquoi certains chercheurs et urbanistes plaident pour une "urbanisme biophilique" ou "résilient" qui intègre la santé environnementale dans la planification des villes. Plus de végétalisation, moins de voitures, plus de mobilités douces, moins d’exposition aux nuisances. Un cadre de vie sain est un levier de prévention des maladies chroniques et de bien-être quotidien.

Vers un changement de société guidé par la santé environnementale

Agir pour la santé environnementale, ce n’est pas seulement une question de choix individuels — c’est un enjeu politique, collectif et systémique. Certes, chacun peut réduire son exposition à certains risques : aérer son logement, choisir des produits sans substances toxiques, privilégier une alimentation bio, réduire sa consommation de plastique… Mais ces gestes individuels, bien que nécessaires, ne suffisent pas face à l’ampleur du problème. Ce qu’il faut, ce sont des changements structurels : repenser l’aménagement des villes, réglementer plus strictement les émissions polluantes, faire évoluer les modèles agricoles, énergétiques et industriels.

Les entreprises ont ici un rôle majeur à jouer. Non seulement parce qu’elles génèrent une part significative des impacts environnementaux, mais aussi parce qu’elles peuvent devenir des actrices de la transition. En intégrant des critères de santé environnementale dans leur politique RSE, en réduisant leur empreinte carbone, en éliminant les substances toxiques de leurs produits ou en améliorant les conditions de travail de leurs salariés (qualité de l’air intérieur, bruit, lumière, ergonomie, etc.), elles participent à construire un écosystème économique plus durable et bénéfique pour la santé. Cette dynamique peut même devenir un facteur d’attractivité et de performance.

Enfin, les pouvoirs publics doivent faire de la santé environnementale un pilier central des politiques publiques : transport, logement, agriculture, énergie, éducation. En instaurant le principe de précaution, en investissant dans la recherche, et surtout en éduquant la population, notamment les plus jeunes, à ces enjeux. Car la santé environnementale ne doit pas rester un domaine technique réservé aux spécialistes. C’est une cause de société qui concerne chacun d’entre nous, et dont la prise de conscience est essentielle pour bâtir un avenir vivable, désirable et résilient.

La santé environnementale n’est pas un luxe, ni une idée abstraite : c’est une condition essentielle à la santé publique, au bien-être des individus et à la résilience des sociétés. À l’heure où les maladies chroniques explosent, où les écosystèmes s'effondrent, et où le dérèglement climatique accentue les inégalités de santé, repenser nos modes de vie, de production et d’urbanisation devient une urgence vitale. Ce n’est qu’en agissant simultanément sur l’environnement et sur la prévention des risques que nous pourrons réellement améliorer la santé des populations.

Et si on en discutait ?

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